- 30 September 2021

Historique de la Fondation Jean Paul II

« Misereor Turbae (j’ai pitié de cette foule) » Mt.15,32. Ce fut le cri qui jaillit un jour du cœur de Jésus devant la multitude d’hommes, de femmes et d’enfants (plus de Cinq mille dit l’Evangile) affamés après l’avoir suivi pendant plusieurs jours. Jésus faisait écho à la parole de Dieu son Père devant la misère subie par Israël en Egypte : « J’ai pitié de mon peuple —-» dit Yahvé à Moïse (Exode 3,12-21).

En 1980, alors que les pays du sahel semblaient se consumer inexorablement sous les rigueurs d’une sécheresse implacable, une voix s’est élevée, réveillant la conscience d’un monde qui regardait impuissant ou indifférent l’horrible spectacle. En effet  le 10 Mai 1980, foulant pour la première fois le sol sahélien, ému par la désolation écologique qu’il découvrait en réalité au-delà des clichés de la télévision, le Pape Jean Paul II lança l’appel historique de  Ouagadougou.

Cet appel fut un cri d’alarme et un cri de secours lancé par sa Sainteté le Pape Jean Paul II à l’occasion de son premier voyage apostolique dans six pays d’Afrique, parmi lesquels se trouvait un des neuf pays du sahel (La Haute Volta actuel Burkina Faso). En s’adressant au monde entier, aux gouvernements et aux organisations institutionnelles, le Pape attirait l’attention de tous sur la grave situation des pays du sahel  dont les causes sont les successives et persistantes absences des pluies dans cette région. L’environnement étant totalement dans un état difficile.

Dans son homélie dans la cathédrale de Ouagadougou que d’aucun qualifiait de « dissertation sur l’eau », Jean Paul II introduisait de la façon suivante la première partie de son appel : « D’ici, de Ouagadougou, du centre d’un de ces pays que l’on peut appeler les pays de la soif, qu’il me soit donc permis d’adresser à tous, en Afrique et au-delà de ce continent, un appel solennel à ne pas fermer les yeux devant ce qui s’est passé et ce qui se passe dans la région sahélienne. »

De ce fait, et en pensant que les mots qu’il avait dits avant étaient insuffisants, et prenant la voix et la place de ceux qui n’en ont pas, le Pape lançait un appel plus fort encore, en allant jusqu’à invoquer sa qualité de vicaire du Christ, ce qui n’arrive que quand il s’agit de graves situations. Dans un ton mêlé d’angoisse, de vigueur et de supplication, il dit : « c’est pourquoi, de ce lieu, de cette capitale de la Haute Volta (actuel Burkina Faso), je lance un appel solennel au monde entier. Moi, Jean Paul II, Evêque de Rome et successeur de Pierre, j’élève ma voix suppliante, parce que je ne peux pas me taire quand mes frères et sœurs sont menacés. Je me fais d’ici la voix de ceux qui n’ont pas de voix, la voix des innocents, qui sont morts parce que l’eau et le pain leur manquaient ; la voix des pères et des mères qui ont vu leurs enfants mourir sans comprendre, ou qui verront toujours dans leurs enfants les séquelles de la faim qu’ils ont endurée ; la voix des générations à venir, qui ne doivent plus vivre avec cette menace terrible pesant sur leur vie. Je lance un appel à tous » (homélie à Ouagadougou le 10 Mai 1980).

Quelques mois après (Novembre 1980), le Pape lançait le même appel en Allemagne. L’écho de sa voix a déclenché une chaîne de solidarité dont le fruit lui a permis de donner corps et consistance à son acte de foi et d’espérance :

la Fondation JEAN PAUL II POUR LE SAHEL. C’est un acte fort qui répond à un besoin d’engagement de l’Eglise d’une manière coordonnée. Un engagement structuré a commencé à naître. Après plusieurs années de réflexion sur le mode d’utilisation des sommes collectées, il a été retenu la création d’une Fondation.

Les différentes étapes de la mise en place de cette Fondation ont été l’objet de multiples concertations entre le Saint siège, les Evêques du sahel et l’Episcopat Allemand.

  • 5 Novembre 1981 : le Saint Père confie aux Evêques du Sahel ceci « Je désire qu’une réalisation concrète soit effectuée dans les régions du Sahel —- et qu’elle demeure le signe efficace de mon amour pour mes frères africains les plus éprouvés. »
  • Février 1982 : les Evêques de l’Afrique de l’Ouest sont mandatés pour étudier comment effectuer cette réalisation.
  • 16 Mai  1983 : réunion restreinte à Rome pour une ébauche des statuts. Les projets de statuts sont envoyés pour examen aux différents pays.
  • 22 Février 1984 : lettre pontificale portant création de la Fondation Jean Paul II pour le Sahel.
  • 6 Mars 1984 : la Fondation Jean Paul II pour le Sahel est officiellement constituée.

De par son statut juridique, elle a son siège dans la Cité du Vatican mais sa gestion est entièrement confiée aux Evêques du sahel : une première dans notre monde méfiant. Ce sont les bénéficiaires qui gèrent les fonds alloués et déterminent le mode d’utilisation.

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